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L’objectif ambitieux s’appuie à la fois sur l’expérience de la Philharmonie de Paris, à l’initiative de DÉMOS en France, et sur les compétences comme sur l’engagement du conservatoire Arthur Honegger : ses professeurs d’instruments accompagnent, depuis plus d’un an, 90 élèves volontaires dans six écoles de quartiers prioritaires du Havre. Tous s’exercent à la maîtrise pratique d’un instrument de musique de leur choix, en groupes hebdomadaires ou, comme ce fut le cas pendant le confinement du printemps, seuls chez eux au moyen de tutoriels et exercices préparés par les professeurs.
Aujourd’hui, la dynamique se poursuit lors de la séance hebdomadaire d’une heure trente sur le temps scolaire. Pour ces élèves qui n’avaient jamais joué d’instrument avant DÉMOS, la magie opère : de petites compositions instrumentales sont couplées à des percussions et à des chants exécutés ensemble. La musique entre dans les têtes, dans les gestes, dans les cœurs. L’espoir est de bientôt pouvoir tous se retrouver pour un « tutti », moment de répétition partagé par tous pour se mettre en situation d’orchestre. En 2022, destination la Philharmonie pour cet orchestre havrais de néophytes.

Sans tambour mais avec trompette

Pierre Grimopont enseigne la trompette au Conservatoire. Il a souhaité participer au dispositif DÉMOS et accompagne depuis un an Ilyana et quatre de ses camarades, toutes scolarisées en CM1 au Pôle Molière, où pas moins de quatre classes et une quinzaine d’élèves ont rejoint le projet : en trompette, cor, trombone ou tuba. Sans solfège ni partition, les élèves s’approprient les notes, la musique. « L’important reste l’engagement et le travail de chacun, même à raison d’une dizaine de minutes par jour seulement », constate le professeur qui compose des morceaux pour son petit groupe et donne volontiers de l’autonomie à chacune des jeunes trompettistes : en prenant le rôle de chef d’orchestre à tour de rôle, par exemple.

La trompette a du piston
Australienne, la trompette ? On dit que le didjeridoo des peuples aborigènes d’Australie serait la première « trompette ». Ce simple tube de bois doté d’une embouchure de cire émet le son de la même façon que tout autre cuivre. Dans le même temps, on trouve des trompettes – toutes droites – dans la tombe du pharaon Toutankhamon. Au XIVe siècle, la possibilité de courber un tube de métal raccourcit et rend plus maniable l’instrument. Au XVIIe siècle, les musiciens appliquent à leur instrument la technique du « bouché » : en obstruant partiellement le pavillon avec leur main, ils rendent plus grave le son émis. La trompette classique actuelle, instrument à vent de la famille des cuivres, se dote de pistons vers 1810. Une révolution ! Dès lors, la trompette joue la gamme chromatique complète et se projette dans de nouveaux univers musicaux. D’abord héroïque, martiale ou religieuse en raison de son timbre éclatant, elle parvient alors à se fondre dans les orchestres, de musique classique puis de variétés et bien sûr de jazz dont elle est indissociable. On en joue debout ou assis, le principal étant d’avoir du souffle et de savoir placer sa bouche.

DÉMOS : la musique pas à pas et tous ensemble